Ecologie ?

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Post Facebouc de M. Philippe Oberlé
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Une illustration de la capacité d’automystification de l’être humain avec un retour d’expérience personnelle. En 2015, j’ai eu l’opportunité de participer à un voyage de presse dans le port de Bremerhaven dans le nord de l’Allemagne, un site industriel pionnier de l’éolien offshore en Europe, avec l’objectif de réaliser un reportage pour un site d’actualités sur les énergies dites « propres ».
Durant ce bref séjour destiné à promouvoir l’éolien offshore auprès de journalistes français, j’ai découvert plusieurs choses :
– Les navires qui installent des éoliennes en mer ont à l’origine été développés par l’industrie pétrolière et gazière pour le déploiement de plateformes offshore. D’énormes piliers amovibles s’abaissent pour s’appuyer sur le fond marin et soulever le navire hors de l’eau, permettant à la grue de manipuler des pièces avec précision sans être perturbée par la houle. Ces bateaux ne carburent évidemment pas à la force du vent.
– Les pales des éoliennes sont composées en majorité de résine époxy ou de polyesters, de fibres de verre ou de carbone. Les mâts sont en aciers et la base en béton. Un certain nombre de ces matériaux sont issus de la pétrochimie, d’autres comme l’acier ou le ciment dépendent de combustibles fossiles pour leur production.
– La maintenance des éoliennes offshore nécessite l’intervention de techniciens déposés par hélicoptère.
– Les éoliennes offshore sont des infrastructures industrielles aux dimensions gigantesques, ce qui veut dire que leur consommation de matières premières est proprement délirante. Les plus grandes machines se rapprochent peu à peu de la taille de la tour Eiffel.
Ces signaux contradictoires auraient dû m’alerter sur le concept de « transition énergétique/écologique », mais face à la puissance qui se dégage du gigantisme industriel, il est bien plus facile de céder à une euphorie collective irrationnelle que de raisonner froidement.
Comment une transition énergétique pouvait-elle avoir lieu alors même que le déploiement et la maintenance d’une énergie « verte » parmi les plus prometteuses était totalement dépendant des industries fossiles ? Comment ce gigantisme pouvait-il être écologiquement soutenable ?
À l’époque, j’ai préféré continuer à adhérer au mythe de la transition plutôt que de regarder la réalité en face. L’ensemble du système urbain, infrastructurel et industriel moderne, nécessite pour son développement et son maintien d’énormes quantités d’énergies et de matières. Ce système s’est développé avec les énergies fossiles et s’effondrera selon toute probabilité avec leur épuisement.
Ce n’est qu’en 2019, après une série d’électrochocs suivis d’une remise en question, que j’ai fini par accepter l’insoutenabilité structurelle de la civilisation industrielle. Croire à des utopies permet d’échapper à la dure réalité, mais le retour de bâton n’en sera que plus douloureux.
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